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Du CLEA aux Argousiers aux étiquettes du Bangladesh

Le Contrat Local d’Education Artistique du Montreuillois est un dispositif du Ministère de la culture, coordonné par le Syndicat mixte du Montreuillois, en partenariat avec la Ligue de l’enseignement du Pas-de-Calais, pour les interventions d’artistes réalisées au Centre les Argousiers de Merlimont.

Notre rôle est de proposer à un plus large public possible de rencontrer un artiste et son œuvre durant 4 mois sur un territoire donné. Les 4 et 6 avril j’ai ainsi pu me rendre compte de la richesse de ces rencontres en accompagnant Christophe Martinauteur de théâtre (mais pas seulement) et l’un des quatre artistes en « résidence mission », puisque c’est comme ça que ça s’appelle. L’œuvre en jeu ici est l’une de ses dernières écritures : « Je ne vois que la rage de ceux qui n’ont plus rien », un spectacle créé par l’Envol-Centre d’Art et de Transformation Sociale, mis en scène par Bruno Lajara et produit par les Tréteaux de France. Le sujet de cette œuvre est grave puisqu’il s’agit de l’histoire de l’effondrement du Rana Plaza au Bangladesh, et je me suis immédiatement demandé comment il allait pouvoir traiter ce sujet avec les enfants de CM2 d’une école primaire d’Izel-les-Esqerchin, en classe de découvertes avec leur enseignante dans notre Centre d’hébegement et d’éducation à l’environnement « les Argousiers » de Merlimont.

Mais Christophe Martin est de ceux qui sait relever les défis car il sait observer, écouter, il ne parle que le juste nécessaire, pour mieux apprivoiser le sensible. C’est un homme proche des gens et de leurs préoccupations, d’ailleurs quand il me regarde, j’ai l’impression qu’il enregistre, c’est sans doute cette manière très soutenue de vous regarder. Dans l’écriture de Christophe on le sent bien, il est comme un grand témoin de notre époque en sachant rendre compte de manière très didactique et poétique, souvent ses mots sont très drôles, il décoche ses formules comme des flèches sur la cible d’un monde qui perd la tête et qui quelque fois même marche dessus.

Il est pile à l’heure ce 4 avril, il reviendra le 06 pour finaliser la rencontre, l’atelier. Nous avons en effet prévu 2 séances de 2 heures pour que cette classe aille au bout du « geste artistique », au bout de la réflexion. Après les salutations d’usage, le petit café noir sans sucre et les réglages informatiques pour que puissent être visionnés les extraits du film, Christophe se présente, parle de son travail, pas de lui, humilité oblige. Il dit comme il aime travailler à partir de la parole, pourquoi il aime les gens et s’immerger au milieu d’eux : « c’est pour mieux comprendre la complexité de ce qu’ils sont ». Il raconte pourquoi il a eu envie d’écrire un jour et surtout comment il en a fait son métier. Puis on entre dans le cœur du sujet : le Bangladesh, ce pays lointain que les enfants ne connaissent absolument pas. Mais au bout de cet atelier d’écriture, Christophe saura les rapprocher d’une culture, d’un scandale, d’une prise de conscience. Et ce, grâce aux étiquettes de leurs vêtements et aux images tournées là bas lors de son voyage « d’inspiration ». C’est ainsi que les élèves au final ont produit des textes avec comme consigne d’écriture : « vous vous mettez dans la peau d’un vêtement et vous nous raconter votre vie, de votre naissance là bas dans cette usine jusqu’aux épaules d’une personne».

La production est riche et sensible, des textes parfois drôles, des dessins aussi, beaucoup de questions et l’ébauche d’une réponse. Pour les enfants le mot « Bangladesh » sur la presque totalité des étiquettes de leur tee-shirts maintenant à un sens. Ce fut fort et passionnant de pouvoir suivre cet artiste, et je comprends mieux pourquoi Christophe Martin est un bon auteur ; il est généreux, bienveillant, et fait de l’écriture un plaisir qu’il aime partager.

Contact :
Pôle Culture
Ligue de l’enseignement du Pas-de-Calais
Abdel Baraka
abaraka@ligue62.org
Simon ROUSSELLE
srousselle@ligue62.org

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