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Défendre le vote, la démocratie et renouer avec le lien politique

Les élections législatives de 2024 ont révélé une crise profonde de notre démocratie. En décidant de nommer un Premier ministre issu d’une force politique largement battue, le président de la République a pris une décision qui bafoue la volonté exprimée par les citoyens. Ce choix, en déni des résultats des urnes, ne fait qu’accentuer la méfiance à l’égard de la classe politique. Pire encore, il menace de démobiliser durablement les citoyens et les organisations qui se sont battus pour préserver les valeurs républicaines, au premier rang desquels les mouvements d’éducation populaire, les associations et les acteurs de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS). 

Comment en sommes-nous arrivés là ? 

Le refus du président de la République de permettre au Nouveau Front Populaire, coalition arrivée en tête des élections, de gouverner est un rejet clair de la volonté d’une grande partie des Français. En plaçant à la tête du gouvernement un représentant d’une droite défait aux urnes, il envoie un message sans équivoque : la voix des citoyens n’a plus de poids. Ce geste autoritaire ne fait que renforcer la défiance envers les institutions démocratiques, creusant ainsi un fossé dangereux entre les citoyens et leurs représentants. 

Ce qui rend cette situation encore plus préoccupante, c’est le risque évident que cette décision entraîne. Aux dernières élections, les mouvements d’éducation populaire, les associations et les acteurs de l’ESS se sont fortement mobilisés pour empêcher une victoire du Rassemblement National. Leur engagement, leur militantisme, ont été déterminants pour contrer la montée de l’extrême droite. Or, aujourd’hui, en ignorant les résultats des urnes, le président de la République prend le risque de démobiliser ces organisations et leurs adhérents. Si ces acteurs, piliers de la démocratie participative, se désengagent des prochaines élections, le RN n’aura plus qu’un boulevard devant lui pour remporter les futures échéances. 

Défendre l’intérêt et le sens du vote 

Le vote est l’expression la plus directe de la souveraineté populaire. C’est par le vote que les citoyens participent à la construction de l’avenir collectif. Or, lorsque le président de la République choisit d’ignorer cette expression, il envoie un message dévastateur : peu importe ce que vous votez, les décisions seront prises en dépit de votre volonté. Cette attitude alimente une désillusion dangereuse et nourrit le désengagement électoral. 

Comme le disait Jean Macé, fondateur de la Ligue de l’Enseignement :
« On ne fait rien de grand sans la démocratie et l’instruction publique ; c’est là que réside la force de l’avenir. » 

Si l’on veut préserver cette force, il est urgent de réhabiliter le sens du vote. Abandonner le vote, c’est laisser la voie libre à ceux qui prônent la division, la haine, et l’autoritarisme. Et si le président de la République persiste à ignorer l’expression citoyenne, il est à craindre que les électeurs se détournent des urnes, ouvrant ainsi la porte à un avenir où le Rassemblement National, que tant de citoyens ont combattu, pourrait triompher sans grande résistance. 

Renouer le lien politique et recréer la confiance 

Pour redonner du crédit à la parole politique et contenir la frustration actuelle, il est impératif de recréer un dialogue sincère entre les élus et les citoyens. Les mouvements d’éducation populaire, les associations et les acteurs de l’ESS, qui ont été en première ligne pour défendre les valeurs républicaines, doivent rester des interlocuteurs clés dans ce dialogue. Pourtant, en écartant ces voix, le président de la République risque de fragiliser encore plus ce lien crucial. 

Il est temps de renouer avec une gouvernance véritablement participative, où les citoyens, leurs représentants associatifs, et la société civile sont partie prenante des décisions. Il ne suffit plus de verticaliser le pouvoir et d’imposer des choix sans tenir compte des aspirations populaires. Ce travail de réconciliation et de refonte du lien politique passe aussi par l’éducation populaire, qui reste l’un des outils les plus puissants pour former des citoyens actifs et éclairés. 

Un avenir républicain à reconstruire 

Le président de la République porte une responsabilité immense dans la situation actuelle. En refusant de respecter le vote des Français et en imposant une gouvernance déconnectée des réalités citoyennes, il participe à l’affaiblissement de notre modèle républicain. Si cette situation perdure, le désengagement de la société civile et des électeurs ne fera qu’accroître la tentation de l’extrême droite, avec les conséquences dramatiques que cela implique pour notre démocratie. 

Il est encore temps de changer de cap. Les associations, les mouvements d’éducation populaire et les acteurs de l’ESS sont prêts à participer à un dialogue sincère pour restaurer la confiance et renforcer la démocratie. Mais cela nécessite un geste fort : l’abrogation du Contrat d’Engagement Républicain, symbole d’une méfiance injustifiée envers les associations, et une reconnaissance pleine et entière du rôle de la société civile dans la gouvernance 

En cette période de fractures et de doutes, il est plus que jamais nécessaire de défendre les valeurs fondamentales de la République. La démocratie ne peut survivre que si le vote est respecté, si la voix des citoyens est entendue, et si le lien entre les gouvernants et les gouvernés est restauré. Ensemble, réaffirmons notre engagement à construire une société plus juste et démocratique, où le vote a un sens et où les choix des citoyens sont respectés. 

 

Ludovic IDZIAK
Président de la Fédération du Pas-de-Calais de la Ligue de l’Enseignement